Pour pallier aux déserts médicaux, un amendement au projet de loi santé actuellement débattu à l’Assemblée nationale prévoit de permettre aux pharmaciens de prescrire eux-mêmes des médicaments habituellement sous ordonnance pour les pathologies bénignes comme l’angine ou la conjonctivite.
Autoriser les pharmaciens à délivrer, sous protocole, des médicaments normalement accessibles uniquement sur ordonnance pour des pathologies bénignes mais gênantes comme l’angine, la conjonctivite ou la cystite. C’est ce que propose un amendement au projet de loi santé discuté depuis lundi à l’Assemblée nationale.
Cette mesure, déjà en vigueur en Suisse ou au Canada, s’appliquerait « dans le cadre d’un exercice coordonné (avec les médecins, ndlr), qu’il s’agisse d’équipes de soins primaires, de maisons de santé pluri-professionnelles, de centres de santé ou de communautés professionnelles territoriales de santé » et « sous réserve d’une formation ad hoc des pharmaciens (…) et d’un lien obligatoire réalisé auprès du médecin traitant », a précisé le rapporteur du projet de loi et auteur de l’amendement Thomas Mesnier (LREM) devant la commission des Affaires sociales la semaine dernière.
Celui-ci souhaite également qu’avec l’accord du médecin, « un pharmacien puisse renouveler un traitement récurrent ». Selon lui, il s’agit avant tout d’améliorer la prise en charge et l’accès aux soins sur l’ensemble du territoire, en particulier dans les déserts médicaux où les patients peinent à obtenir rapidement un rendez-vous auprès de leur médecin.
Un amendement largement salué par les pharmaciens
Largement salué par les officines au nom de l’égalité d’accès aux soins, l’amendement du député Thomas Mesnier suscite en revanche la colère des médecins, bien que l’on ne connaisse encore ni la liste des médicaments concernés, ni le contenu de la formation à laquelle devront se soumettre les pharmaciens. Le principal syndicat de généralistes, MG France, qui craint pour la sécurité des patients, refuse catégoriquement « qu’au prétexte (de les) aider (…), ceux-ci se voient prescrire des médicaments sans examen clinique, sans diagnostic et sans connaissance des éléments médicaux de leur dossier ». Et le syndicat de rappeler que « si les pharmaciens ont le monopole de la délivrance des médicaments, les médecins (…) ont le monopole du diagnostic médical qui doit précéder la prescription. »Comment, sans examen médical, le pharmacien pourra-t-il faire la différence entre une mycose et une infection urinaire (cystite) « si une femme (lui) dit qu’elle a des brûlures en urinant ? », s’interroge le docteur Margot Bayart, vice-présidente de MG France, sur bfmtv.com https://www.bfmtv.com/sante/medicam.... Une question légitime, à laquelle devraient justement permettre de répondre les protocoles… qui ne sont pas encore établis et auxquels MG France a déjà annoncé ne pas vouloir s’associer.